Mon parcours vers l'éducation canine

Vivre avec les chiens, une histoire de famille

Depuis mon enfance, j’ai toujours été entourée de chiens aux caractères et origines variés : Yorkshire, Caniche, Terre Neuve, Golden Retriever, Dalmatien, Berger des Shetland... Chaque chien était unique et m’a permis de comprendre, très tôt, l’importance d’adapter son approche en fonction de l’individu. Mes parents pratiquaient l’agility, et j’accompagnais souvent ma mère sur les terrains d’éducation, observant et apprenant sans même m’en rendre compte.

C’est à 20 ans que j’ai rencontré mon premier chien loup tchécoslovaque, Ivory, un chien sorti d'un élevage bien pourri présentant de sérieux troubles de comportement. Malgré le défi qu’il représentait, cette rencontre a marqué le début de mon amour pour cette race si particulière. Je me suis alors promis qu’un jour, je ferais tout pour adopter un chien loup, mais en attendant, j’ai décidé de commencer par une autre race, plus accessible pour un premier chien.

Peyo : Mes premiers pas (et mes premières gamelles)

Quand les conditions ont enfin été réunies pour adopter mon premier chien, j’ai jeté mon dévolu sur Peyo, un croisé beauceron, malinois et chien loup. Je pensais qu’avec des races réputées pour être proches de leur maître, l’éducation se passerait sans encombre.

Rapidement, j’ai compris qu’aimer un chien ne suffisait pas à bien l’éduquer.

Après quelques séances dans une école du chiot, j’ai cru pouvoir gérer la suite toute seule. Mais avec l’entrée en adolescence de Peyo, nos fragiles acquis ont volé en éclats : fugues, agressivité envers les congénères, prédation... Notre quotidien s'est rapidement compliqué, et j’ai dû affronter ces épreuves sans les compétences nécessaires. Ces moments ont été autant d’enseignements que de frustrations. Mais après des mois de travail, Peyo a commencé à s’apaiser, et j’ai su que nous étions prêts pour un deuxième compagnon.

Aravos : L’arrivée de mon premier chien loup tchécoslovaque

C’est alors qu’Aravos est entré dans ma vie, mon premier chien loup tchécoslovaque. Né juste avant le premier confinement chez une amie, j’ai eu la chance de pouvoir rester avec lui sur place pendant deux mois et de participer activement à l'élevage de la portée. Cette expérience fut extrêmement enrichissante et m'a beaucoup appris sur l'évolution cognitive, motrice et comportementale des chiots dans leur premières semaines de vie. Malheureusement, la pandémie a limité ses expériences de socialisation, un manque qui a pesé sur son comportement par la suite.

Peu après son retour à la maison lorsqu'il avait 3 mois, Aravos a été attaqué violemment par un autre chien pour une histoire de protection de ressources. Cette agression lui a valu une fracture de la mandibule qui a nécessité une hospitalisation de plusieurs jours chez le vétérinaire. Cette expérience traumatique l'a profondément marqué.

La combinaison de cet incident, du manque de socialisation et de ses prédispositions raciales l’ont rendu très craintif, surtout envers les hommes, et les visites chez le vétérinaire sont devenues un cauchemar. Face à ces défis, je me suis sentie démunie, surtout avec deux chiens aux comportements opposés.

Deux chiens - deux extrêmes

D’un côté, j’avais Peyo, fougueux et sociable, qui tirait en avant à la moindre rencontre, et de l’autre Aravos, terrifié, qui reculait et cherchais à fuir à tout prix.

Le contraste entre eux m’a poussée à chercher de l’aide. C’est ainsi que j’ai rencontré Luc, éducateur canin de renommée. Grâce à son expertise, j’ai appris à adapter mon approche et à m’affirmer en tant que référente rassurante et fiable pour mes chiens. Nous avons progressé ensemble, et Aravos a peu à peu surmonté ses peurs. Afin de l'aider à accepter les manipulations, je me suis formée en médical training. Ainsi il a réussit à s'apaiser et se laisser soigner, même chez le vétérinaire.

Naissance d’une vocation

Ces expériences m’ont fait prendre conscience de l’importance d'un accompagnement professionnel dès le départ. J’ai compris à quel point une mauvaise gestion de l’éducation pouvait avoir des conséquences graves, pour le chien comme pour le maître.
Décidée à aider à mon tour les maîtres de chien à ne pas commettre les mêmes erreurs, j’ai commencé à me former pour devenir professionnelle en dressage et comportement canin.

Après des formations en méthodes positives chez Cynopsy et en leadership training chez Luc, Seikapuce, ma passion pour la gestion des groupes de chiens n’a cessé de grandir. En parallèle de mon activité salariée, j’ai ouvert une petite pension familiale et suis devenue famille d’accueil pour des chiens issus d’associations de protection animale.

Pendant deux ans, j’ai eu la chance de travailler avec des meutes aux dynamiques variées, une expérience qui a forgé mon approche actuelle.

Nausicaä et Suzume : L’évolution continue

En parallèle de mes formations, j’ai accueilli Nausicaä puis Suzume, deux chiens loups américains. Ces chiennes au fort tempérament lupoïde, avec une appréhension naturelle de l’humain, ont représenté un nouveau défi pour moi. Leur éducation a nécessité une remise en question totale de mes méthodes. Notamment avec Nausicaä, qui dès deux mois montrait une peur presque phobique des humains.

J’ai dû ajuster mes techniques et sortir des sentiers battus pour les aider à évoluer.

Ces expériences m’ont appris qu’il n’y a pas de solution universelle en éducation canine :

chaque chien est unique, et son éducation doit l’être aussi.

Apache : De l'exclusivité à la complicité

Quand j'ai rencontré mon compagnon, il était déjà accompagné d'Apache, une chienne croisée beauceronne, border collie et labrador. Les premiers temps, elle eut des difficultés à s'intégrer dans les meutes qui étaient fluctuantes, la cohabitation n’a pas toujours été facile pour elle.

Très exclusive avec son maître, elle avait aussi du mal à m’accepter.
A cette époque, elle pouvait être gardienne et montrer des signes d’agressivité et de méfiance envers les humains.

C’était un véritable défi de créer une connexion avec elle.

Cependant, avec du temps, de la patience et un travail constant, Apache s’est transformée. Petit à petit, elle s’est apaisée et a appris à faire confiance, devenant non seulement un membre essentiel du groupe, mais développant également une belle complicité avec moi.